Cannes 2024 : Quels films figureront au Palmarès ?

Cannes 2024 : Quels films figureront au Palmarès ? Le 77ème festival de Cannes touche à sa fin, et alors que les projecteurs se tournent vers la cérémonie de clôture et la révélation tant attendue du Palmarès, une réflexion sur la qualité des films en compétition cette année s’impose. Du 14 au 25 mai 2024, la Croisette a vibré au rythme des projections, des conférences de presse et des rencontres entre cinéphiles et professionnels du cinéma. Toutefois, cette édition a été marquée par une déception palpable parmi les festivaliers et les critiques. En dépit de l’effervescence et de l'attente suscitée par la présence de grands noms du cinéma, beaucoup s'accordent à dire que la qualité des films présentés a été bien en deçà des attentes. On pourrait presque croire que le festival a privilégié la notoriété des réalisateurs au détriment de la substance cinématographique. Mais peut-être aussi que les meilleurs films de l'année étaient simplement moins impressionnants qu’espéré. Des attentes non comblées : Mégalopolis de Francis Ford Coppola était sans doute le film le plus attendu de cette édition. Coppola, légende vivante du cinéma, avait mis des années à peaufiner ce projet, allant jusqu'à hypothéquer son vignoble pour le financer. L'annonce de la participation d'Adam Driver dans le rôle principal n'avait fait qu'amplifier l'engouement. Malheureusement, ce film ambitieux s’est révélé être une immense déception. Long et confus, Mégalopolis a échoué à captiver son audience, divisant critiques et spectateurs. Si quelques voix isolées ont salué le film comme un chef-d’œuvre, la majorité a trouvé l'expérience fastidieuse et peu cohérente. The Shrouds (Les Linceuils) de David Cronenberg promettait une exploration fascinante de l'amour et du deuil, avec un synopsis qui laissait présager une belle romance au-delà de la mort. Cependant, après des débuts prometteurs, le film bascule rapidement dans une intrigue confuse mêlant technologie de pointe, hackers et trahisons, perdant ainsi le fil émotionnel initial qui avait captivé l’audience. Parthenope de Paolo Sorrentino débutait avec des plans enchanteurs de Naples, sa ville fétiche, marqués par une poésie visuelle qui est la signature du réalisateur. Mais l’enchantement s'estompe vite, laissant place à des longueurs et une monotonie qui ont désillusionné même les plus fervents admirateurs de Sorrentino. Motel Destino de Karim Aïnouz, après des réussites comme La vie invisible d'Euridice Gusmao (Prix Un Certain Regard 2019) et Marin des montagnes en 2021, s'annonçait comme une œuvre prometteuse. Mais cette histoire de triangle amoureux dans un motel sordide échoue à fusionner érotisme et thriller. Les personnages sont froids et dépourvus de profondeur, et le film se noie dans une profusion de scènes de sexe sans véritable substance narrative. Une œuvre jugée décevante, tant de la part d'Aïnouz que du festival pour avoir sélectionné un tel navet. Quelques lueurs d’espoir : Malgré cette avalanche de déceptions, quelques films ont tout de même réussi à tirer relativement leur épingle du jeu. Kinds of Kindness de Yórgos Lánthimos est probablement le plus intéressant parmi les réalisations des grands noms cette année. Divisé en trois histoires distinctes, le film explore le thème de l’emprise sous diverses formes. La première histoire, la plus marquante, illustre comment une personne peut être manipulée par des récompenses matérielles, au détriment de sa liberté et de son estime de soi. La troisième histoire, quant à elle, aborde l’influence des sectes sur leurs adeptes. Bien qu’intéressant, le film reste perfectible et pourrait se voir attribuer des récompenses pour les performances d'acteurs, notamment Emma Stone. La jeune femme à l’aiguille de Magnus von Horn offre également une réflexion intéressante à travers l’histoire d’une femme qui a tué des dizaines de nourrissons à la fin de la Première Guerre mondiale, plaidant indirectement pour le droit à l’avortement. La réalisation est subtile et l’actrice, Victoria Carmen Sonne, a été excellente. Elle pourrait mériter le Prix de la meilleure interprétation féminine. Les Incontournables du Palmarès : En contraste avec ces déceptions, Les graines du figuier sauvage, le dernier film du réalisateur iranien Mohammad Rasoulof, se démarque nettement. Arrivé en Europe il y a quelques jours après avoir quitté clandestinement l'Iran, Mohammad Rasoulof a reçu une ovation de près de 22 minutes hier matin après la projection de son film au Théâtre Grand Lumière. Vidéo ici : Ce film relate l'éclatement d'une famille à Téhéran lors du mouvement de répression sanglant contre la jeunesse après le meurtre de Mahsa Amini par la police pour non-port du voile. Un père, fraîchement élu enquêteur, s'oppose à ses filles qui voient leurs amies arrêtées et torturées. Bientôt, la tempête de la rue va s'engouffrer dans cette famille, montrant les conséquences de ces manifestations de l'intérieur d'une fa

May 25, 2024 - 13:30
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Cannes 2024 : Quels films figureront au Palmarès ?
Cannes 2024 : Quels films figureront au Palmarès ? Cannes 2024 : Quels films figureront au Palmarès ?

Le 77ème festival de Cannes touche à sa fin, et alors que les projecteurs se tournent vers la cérémonie de clôture et la révélation tant attendue du Palmarès, une réflexion sur la qualité des films en compétition cette année s’impose. Du 14 au 25 mai 2024, la Croisette a vibré au rythme des projections, des conférences de presse et des rencontres entre cinéphiles et professionnels du cinéma. Toutefois, cette édition a été marquée par une déception palpable parmi les festivaliers et les critiques.

En dépit de l’effervescence et de l'attente suscitée par la présence de grands noms du cinéma, beaucoup s'accordent à dire que la qualité des films présentés a été bien en deçà des attentes. On pourrait presque croire que le festival a privilégié la notoriété des réalisateurs au détriment de la substance cinématographique. Mais peut-être aussi que les meilleurs films de l'année étaient simplement moins impressionnants qu’espéré.

Des attentes non comblées :

Mégalopolis de Francis Ford Coppola était sans doute le film le plus attendu de cette édition. Coppola, légende vivante du cinéma, avait mis des années à peaufiner ce projet, allant jusqu'à hypothéquer son vignoble pour le financer. L'annonce de la participation d'Adam Driver dans le rôle principal n'avait fait qu'amplifier l'engouement. Malheureusement, ce film ambitieux s’est révélé être une immense déception. Long et confus, Mégalopolis a échoué à captiver son audience, divisant critiques et spectateurs. Si quelques voix isolées ont salué le film comme un chef-d’œuvre, la majorité a trouvé l'expérience fastidieuse et peu cohérente.

The Shrouds (Les Linceuils) de David Cronenberg promettait une exploration fascinante de l'amour et du deuil, avec un synopsis qui laissait présager une belle romance au-delà de la mort. Cependant, après des débuts prometteurs, le film bascule rapidement dans une intrigue confuse mêlant technologie de pointe, hackers et trahisons, perdant ainsi le fil émotionnel initial qui avait captivé l’audience.

Parthenope de Paolo Sorrentino débutait avec des plans enchanteurs de Naples, sa ville fétiche, marqués par une poésie visuelle qui est la signature du réalisateur. Mais l’enchantement s'estompe vite, laissant place à des longueurs et une monotonie qui ont désillusionné même les plus fervents admirateurs de Sorrentino.

Motel Destino de Karim Aïnouz, après des réussites comme La vie invisible d'Euridice Gusmao (Prix Un Certain Regard 2019) et Marin des montagnes en 2021, s'annonçait comme une œuvre prometteuse. Mais cette histoire de triangle amoureux dans un motel sordide échoue à fusionner érotisme et thriller. Les personnages sont froids et dépourvus de profondeur, et le film se noie dans une profusion de scènes de sexe sans véritable substance narrative. Une œuvre jugée décevante, tant de la part d'Aïnouz que du festival pour avoir sélectionné un tel navet.

Quelques lueurs d’espoir :

Malgré cette avalanche de déceptions, quelques films ont tout de même réussi à tirer relativement leur épingle du jeu. Kinds of Kindness de Yórgos Lánthimos est probablement le plus intéressant parmi les réalisations des grands noms cette année. Divisé en trois histoires distinctes, le film explore le thème de l’emprise sous diverses formes. La première histoire, la plus marquante, illustre comment une personne peut être manipulée par des récompenses matérielles, au détriment de sa liberté et de son estime de soi. La troisième histoire, quant à elle, aborde l’influence des sectes sur leurs adeptes. Bien qu’intéressant, le film reste perfectible et pourrait se voir attribuer des récompenses pour les performances d'acteurs, notamment Emma Stone.

La jeune femme à l’aiguille de Magnus von Horn offre également une réflexion intéressante à travers l’histoire d’une femme qui a tué des dizaines de nourrissons à la fin de la Première Guerre mondiale, plaidant indirectement pour le droit à l’avortement. La réalisation est subtile et l’actrice, Victoria Carmen Sonne, a été excellente. Elle pourrait mériter le Prix de la meilleure interprétation féminine.

Les Incontournables du Palmarès :

En contraste avec ces déceptions, Les graines du figuier sauvage, le dernier film du réalisateur iranien Mohammad Rasoulof, se démarque nettement. Arrivé en Europe il y a quelques jours après avoir quitté clandestinement l'Iran, Mohammad Rasoulof a reçu une ovation de près de 22 minutes hier matin après la projection de son film au Théâtre Grand Lumière.

Vidéo ici :

Ce film relate l'éclatement d'une famille à Téhéran lors du mouvement de répression sanglant contre la jeunesse après le meurtre de Mahsa Amini par la police pour non-port du voile. Un père, fraîchement élu enquêteur, s'oppose à ses filles qui voient leurs amies arrêtées et torturées. Bientôt, la tempête de la rue va s'engouffrer dans cette famille, montrant les conséquences de ces manifestations de l'intérieur d'une famille et l'opposition entre les adultes conservateurs et cette nouvelle jeunesse qui aspire à la liberté. Avec ses 168 minutes de tension croissante et des retournements de situation inattendus, Les graines du figuier sauvage semble être le candidat idéal pour la Palme d'Or.

Par ailleurs, The Substance a captivé l’audience avec son exploration poignante de la peur de la vieillesse et la quête incessante de la jeunesse. La réalisation impeccable, le scénario original, et la qualité des interprétations en font un candidat de choix pour la Palme d'Or, ou à défaut, pour le Grand Prix ou le Prix de la Meilleure réalisation. Ce film a non seulement captivé les spectateurs du début à la fin, mais il pourrait aussi marquer l'histoire en étant la quatrième Palme d’Or pour une réalisatrice, et la deuxième pour un film d’horreur d’une réalisatrice après Titane de Julia Ducournau en 2022.

All We Imagine as Light de Payal Kapadia a également créé la surprise. Ce film indien, sensible et subtil, a conquis le public et pourrait bien figurer dans le Palmarès, méritant peut-être le Grand Prix. L'histoire touchante de Prabha et Anu, deux femmes de Mumbai cherchant un espace pour exprimer leurs désirs, offre une narration riche et poignante.

Enfin, Anora de Sean Baker mérite une mention spéciale. Cette transformation moderne d'une Cendrillon ratée, racontant l'histoire d'une strip-teaseuse de Brooklyn qui épouse le fils d’un oligarque russe, a capté l’attention par sa narration captivante. Bien que ce film ne vise pas la Palme d'Or, il mérite une place dans le Palmarès pour sa capacité à captiver et émouvoir.

Je n’ai malheureusement pas vu Emilia Perez de Jacques Audiard. Les échos sont excellents, et il pourrait figurer dans le palmarès.

Le 77ème festival de Cannes restera dans les mémoires pour ses choix controversés et ses films inégaux. Alors que certains noms illustres ont déçu, d’autres œuvres ont su émerger, rappelant que le cinéma, même en des temps de déception, a toujours la capacité de surprendre et d’émouvoir. La cérémonie de clôture révélera bientôt les lauréats, et d’ici là, les discussions et spéculations continueront d’animer la Croisette.

Neïla Driss

 

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